L’express – Salon du dessin 2019
Une semaine parisienne sous le signe du dessin
Entre le Salon du dessin, qui ouvre le 27 Mars, et les ventes prévues sur ce thème, ce début de printemps est dominé par les œuvres sur papier.
Par Noëlle Joly – Economie patrimoine
En 1991, le tout premier Salon du dessin avait réuni 17 exposants. Cette année, sa 28e édition, organisée dans le cadre prestigieux du palais Brongniart du 27 mars au 1er avril, compte 39 galeries venues de différents pays. Pour cet événement, elles dévoileront leurs plus belles feuilles, illustrant l’extrême variété des œuvres sur papier de la Renaissance à nos jours. Tracés délicats à la mine de plomb, somptueux contrastes de noir et de blanc réalisés à la pierre noire et au fusain, flamboiement de couleurs au pastel, à la gouache et à l’aquarelle…
A l’affiche de la galerie autrichienne Wienerroither & Kohlbacher, une Femme debout se couvrant le visage avec les deux mains d’Egon Schiele (1890-1918), signée et datée de 1911, (prix: 1,9 million d’euros) .A côté de cette figure tourmentée sera exposé un dessin rayonnant de sensualité, crayonné vers 1914-1915 par Gustav Klimt (1862-1918), d’un trait rapide et fluide : Femme à demi nue inclinée vers la droite (le prix n’est pas communiqué).
Tout aussi virtuose et empreint de sensualité, un croquis d’Auguste Rodin (1840-1917), Danseuse cambodgienne au sampot rouge fait partie de la sélection de la galerie AB (prix : 75000 euros).
Côté contemporain, signalons l’exposition consacrée au peintre Jean-Baptiste Sécheret (né en 1957 )par la galerie Jacques Elbaz. Où l’on découvrira un grand format (209 X 270 cm) aux teintes douces, intitulé Brouillard solaire .Une vision teintée d’une lumière mystérieuse du paysage vertigineux de la ville de New York, contemplée depuis les hauteurs d’un gratte-ciel
(prix non communiqué).
Parallèlement au Salon du dessin, de nombreuses ventes sur ce thème vont être orchestrées du 27 au 29 mars, notamment par une dizaine de maisons officiant à l’hôtel Drouot. Au programme : Jean Clouet, Charles Le Brun, Pierre Mignard, François Boucher, Elisabeth Vigée-Lebrun, Martin Drölling, ou encore Aloys Zötl… Parmi les œuvres inédites figure un médaillon de Jean Clouet (vers 1485-1541), peintre à la cour de France et portraitiste attitré de François Ier de 1515 à 1539. De tout petit format (2,5 cm de diamètre), cette miniature, peinte sur vélin, à la gouache rehaussée d’or, restitue les traits de Louis de Lorraine, comte de Vaudémont (1500-1528). Annoncée entre 20000 et 30000 euros, elle sera mise aux enchères le 28 chez Mirabaud Mercier.
Autre redécouverte, un large ensemble d’une trentaine de feuilles par Jean-Jacques de Boissieu (1736-1810) sera proposé chez Aguttes le 28. Surnommé en son temps le « Rembrandt français», cet artiste, allergique aux vernis employés en peinture, a laissé essentiellement des eaux-fortes et des dessins, tel ce minutieux autoportrait au graphite et au pastel, estimé entre 10000 et 12000 euros. Chez Ader, le 29 mars, seront dispersées trois aquarelles issues du fantastique bestiaire composé de 1832 jusqu’à sa mort par Aloys Zötl (1803-1887), teinturier autrichien, coloriste de génie, considéré par André Breton comme un précurseur du surréalisme. Provenant de la vente de l’atelier de Zötl, menée en 1955 à Drouot par M e Maurice Rheims, ces œuvres sont estimées de 40000 à 80000 euros. Au cours de cette même vente sera présentée une feuille de Léon Lhermitte (1844-1925), Le Moissonneur, évaluée entre 15000 et 20000 euros. Caractéristique de l’oeuvre de cet artiste, qui s’est attaché à dépeindre avec minutie la vie des paysans de sa terre natale, l’Aisne, ce portrait d’un faucheur, Le Père Casimir , constitue un dessin préparatoire à son célèbre tableau conservé au musée d’Orsay, La Paye des moissonneurs , où l’on retrouve ce même personnage, dans une pose à peine différente. Un élément susceptible d’ajouter à sa valeur. Les collectionneurs aiment à retrouver sur un dessin préparatoire le cheminement entourant la gestation d’une oeuvre importante.