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Le Figaro 2004

Trois jours surréalistes

Les ors de la Biennale des antiquaires se sont tus et avec eux le tourbillon de vernissages qui avaient embrasé la capitale. En ce début d’octobre, collectionneurs et amateurs ont donc retrouvé leurs esprits pour inaugurer la septième édition des « Trois jours du quartier Drouot », dont le thème choisi, le surréalisme, devrait encore émoustiller leur curiosité. Initié par la mairie du IXe arrondissement, qui organise une exposition « Autour d’André Breton », le sujet, vaste comme le mouvement se déclinera au sens propre comme au figuré dans les vitrines de quelques-uns des quatre-vingt-cinq professionnels qui ont désormais rallié l’association. « Entre antiquaires, galeristes, experts, restaurateurs, libraires, mais aussi écoles d’art, aucun groupement d’antiquaires n’offre une telle diversité à Paris » martèle Jean-François Chabolle, son président. Depuis quelques années le quartier s’ouvre doucement mais sûrement au public « environ 30 % de la clientèle contre 0% il y a dix ans. »

Les marchands gardent néanmoins leurs habitudes : les objets sont présentés  » dans leur jus » et doivent « tourner vite », d’où les petites marges, les prix encre abordables, et cet éternel sentiment d’urgence. Le seul impératif pour le particulier étant de s’y connaître un peu. 

Le 7 octobre, soir de l’inauguration, l’atmosphère sera d’entrée de jeu sympathique grâce aux « collets rouges », incontournables commissionnaires de Drouot, qui accueilleront les visiteurs autour d’une meule de beaufort et d’un verre de vin. L’événement, maintenant bien rodé, est toujours une merveilleuse excuse pour booster les marchands : nombre d’entre eux font l’effort de présenter de nouvelles acquisitions et, mieux, s’inspirent du thème choisi. Avec le surréalisme, les galeries de tableaux et de dessins jouent sur du velours : Sophie Marcellin et Denis Ozanne (18, rue de Provence) mettent en situation une « boite alerte », concentré subversif conçu par Mimi Parent à la demande d’André Breton et de Marcel Duchamp pour l’exposition inteRnatiOnale » du surréalisme en 1959, à la galerie Daniel Cordier ; la sémillante Agnès Aittouarès (14 rue de la Grange-Batelière), aux choix très ciblés, propose une huile « érotique » de Henri Goetz réalisée vers 1939, en pleine effervescence surréaliste, un an avant la parution de la revue La Main à la plume dont il fut le fondateur, ou encore la Transfiguration d’un cactus, gouache imaginée ) Hollywood en 1945 par Man Ray, tandis que sabine Vazieux (16, rue de Provence) rend un bref hommage au peintre et écrivain d’origine bulgare Georges Papazoff. De la vente André Breton Laura Pecheur ( 16, rue de la Grange Batelière) a gardé un danseur kachina, dessin Hopi que le poète rapporta de son voyage au Mexique en 1945, ainsi que des plaques photogravées d’après des dessins de Nadja utilisées pour l’édition de 1926.