Accueil » Presse » Challenges Salon du dessin

Challenges Salon du dessin

Finances Privées – Le family office pour tous
Marché de l’art

 

La bonne mine du dessin ancien – Salons, enchères manifestations … Mars est devenu le mois du dessin en France ! Un engouement qui se ressent aussi dans les cotes de certaines œuvres. Guide de sortie … et d’investissement.

Tellement simples. Et pourtant, tellement belles. Ces petites fleurs, Matisse les a peintes en 1945 alors qu’autour de lui l’Europe pansait ses plaies et relevait ses ruines. Venue tout droit de la collection particulière du premier rédacteur en chef (jusqu’en 1954) de l’édition française de Vogue Michel de Brunhoff, cette aquarelle est exposée par la Galerie AB au 28e Salon du Dessin de Paris, qui a ouvert ses portes le 27 mars. Dans les stands des 39 galeries présentes au palais Brongniart (Paris II e ), plus de 1 000 autres œuvres sont offertes à l’oeil averti, attentionné ou simplement ému.

2 000 oeuvres de 400 artistes
Ce 28 mars s’ouvre également Drawing Now Art Fair, le 13e Salon du dessin contemporain,au Carreau du Temple (Paris IIIe), avec plus de 70 galeries exposant près de 2 000 œuvres de 400 artistes, entre 1 500 et 10000 euros. Au programme, des œuvres de Jean Messagier (Galerie Catherine Putman), Ernest Pignon-Ernest (Galerie Lelong & Co.), Pierrette Bloch (Galerie Karsten Greve) et Jean Michel Alberola (Galerie Catherine Issert)…
C’est déjà beaucoup. mais ce n’est pas fini : on peut vraiment dire que mars est devenu le mois du dessin en France. Car à ces deux événements majeurs, il faut ajouter plusieurs autres manifestations : une bonne dizaine de ventes aux enchères organisées par des belles maisons comme Boisgirard à Nice, et Million et Le Fur à Paris. Mais aussi des manifestations plus pointues, comme la «18e édition du dessin» de Quartier Art Drouot (Paris IX e), jusqu’au 5 avril, et la 7e édition de DDessin Paris, à l’Atelier Richelieu (60, rue Richelieu, Paris II e) jusqu’au 31 mars. « Nous inventons un monde sans frontières dans lequel les galeristes, les artistes, les collectionneurs,les professionnels du monde de l’art et le
public pourront se retrouver et dialoguer autour de l’émergence», explique Eve de Medeiros, fondatrice et directrice artistique de DDessin Paris. Une dizaine de musées ou d’institutions culturelles se joignent au mouvement, de Drawing Lab
Paris (17, rue Richelieu, Paris IXe), qui laisse libre cours à l’artiste Nikolaus Gansterer jusqu’au 15 juin pour présenter ses travaux innovants, à l’Institut du monde arabe (Paris Ve), qui présente«A la plume,
au pinceau, au crayon », une redécouverte de sa collection dessinée augmentée par la Donation Claude
et France Lemand.

De 3 000 à 150 000 euros
Pourquoi ce déferlement d’événements?
Tout simplement parce que le dessin est un des rares segments du marché de l’art où la France a encore un peu de poids. « Nous sommes à égalité avec Londres, derrière New York», confirme Louis de Bayser, présiden6t$ du Salon du Salon du Dessin.Sa galerie exposera principalement des œuvres entre 3000 et 20000 euros, mais aussi quelques raretés comme une étude orientaliste de Géricault, de 1817 (150000 euros). Le dessin ancien,
explique ce spécialiste, « est un marché plutôt stable, avec des collectionneurs prudents. Et il échappe encore en partie à la pression générée par la demande sur d’autres médiums, comme les tableaux, par les grands collectionneurs et les musées».
Pourtant, depuis quelques mois, le marché donne des signes de réveil. L’an dernier, le Salon du Dessin a donné lieu à plusieurs ventes de plus de 100000 euros : un dessin de Dalí, Allégorie, étude pour la robe de Gala, daté de1958 (HeleneBailly Gallery), un Portrait surréaliste de Picasso de 1937-38 à l’encre de Chine (galerie AB) et une gouache de Fernand Léger, Les Plongeurs, de 1941(Galerie Zlotowski). Sans oublier ce dessin de Cesare da Sesto, l’un des plus célèbres élèves de Léonard de Vinci, représentant une tête de saint Jean-Baptiste, présenté par la Galerie de Bayser et
vendu plusieurs centaines de milliers d’euros. Ces transactions témoignent de l’engouement croissant pour un marché un peu marginal jusqu’à présent, qui avait largement échappé à l’inflation galopante d’autres segments.
Pour Christine Phal, présidentede Drawing Now, la cote d’un dessin suit généralement celles des peintures de l’artiste. Mais avec retard, car ce médium a longtemps été considéré comme mineur par rapport aux arts nobles que sont la
peinture et la sculpture Cela change apparemment: le 1er janvier, un dessin du peintre Ingres a tout de même été adjugé plus d’un million d’euros à Saint-Valéry-en-Caux,en Seine-Maritime.

Un Schiele à 1,9 million
Toutefois cette année, ce n’est pas vers la mer qu’il faut regarder, mais vers le centre de l’Europe. Plus précisément
du côté de l’Autriche. Avec, sans doute, une grosse surprise : la présentation à la vente d’un dessin que beaucoup de Français connaissent, puisqu’ils ont pu l’admirer, il y a quelques semaines,lors de l’exposition «Egon Schiele» à la
Fondation Louis Vuitton. Il s’agit d’une oeuvre mixte (gouache,aquarelle et crayons sur papier, 44 x 31 cm), intitulée Face debout se couvrant le visage à deux mains , et présentée par un nouvel exposant du Salon du Dessin,la galerie viennoise Wienerroither & Kohlbacher. Son prix ?A la mesure de la cote du défunt artiste autrichien : 1,9 million d’euros. Il s’agit de la plus chère des œuvres présentées.
Heureusement, il est aussi possible de se faire plaisir sans (trop) casser sa tirelire : Challenges a réalisé une sélection de l’offre actuelle de belles œuvres à moins de 4 000 euros (lire encadré ci-dessus).

Eric Tréguier