Arts Magazine – Brafa 2019
Harold t’Kint de Roodenbeke « En art, l’heure est désormais au métissage »
Fin janvier, tous les regards des passionnés d’art se tournent vers Bruxelles. Cette manifestation réunit 133 galeries et marchands d’art, originaires de seize pays, présentant à plus de 65.000 visiteurs le plus beau, le plus rare ou le plus précieux dans leurs spécialités artistiques respectives.
Qui sont les visiteurs de la BRAFA ?
Pour une manifestation généraliste telle que la nôtre, qui regroupe plus d’une vingtaine de spécialités artistiques en son sein, il est important de pouvoir satisfaire aux exigences de divers publics. Car, aux côtés de collectionneurs et d’amateurs d’art chevronnés, en quête d’œuvres bien précises de nature à compléter leur collection, nous devons aussi susciter l’envie auprès d’un public peut-être moins pointu, mais qui ne demande qu’à se laisser convaincre par la beauté ou l’intérêt d’une oeuvre. La façon de collectionner ou d’acquérir des œuvres d’art a en effet considérablement évolué ces dernières années, et l’heure est désormais au métissage, au cross-collecting, à la recherche de correspondances. En imposant depuis toujours une implantation non sectorielle de ses stands, et en faisant cohabiter des spécialités a priori étrangères les unes aux autres, nous voulons magnifier cette diversité, renouveler sans cesse le regard, inviter à l’harmonie. C’est aussi ce qui définit notre ADN.
Pour cette 64ème édition, jouez-vous la rupture ou la continuité ?
Pas question de rompre avec une recette qui fonctionne, qualité, éclectisme, convivialité. Elle semble convaincre toujours davantage exposants comme amateurs d’art qui y trouvent, les uns comme les autres, toutes les raisons de lui rester fidèles. En témoigne le nouveau record d’affluence établi lors de la dernière édition, plus de 65.000 visiteurs -, et la participation assidue de nombreuses galeries européennes parmi les meilleures. Nous avons souhaité une évolution plutôt qu’une révolution. Il s’agit d’affiner l’offre en la rendant plus complète, plus pointue ; d’exiger toujours une plus grande rigueur, tant dans les critères de sélection des galeries que dans ceux des œuvres exposées, afin de garantir le plus haut degré de qualité possible ; d’aller à la rencontre de nouveaux publics et de rester attentifs aux tendances d’un marché de l’art en perpétuelle transformation.
Les exposants sont-ils les mêmes que lors des éditions précédentes ?
C’est toujours une grande fierté de pouvoir dévoiler notre liste de participants,car celle-ci est révélatrice de la santé et de l’attractivité de notre manifestation. Avec seize nouveaux noms, nous demeurons dans la moyenne des éditions antérieures et c’est, de mon point de vue, un pourcentage idéal. Cela signifie que nous sommes en mesure d’apporter de la nouveauté sans toutefois remettre en cause les équilibres internes entre les diverses spécialités, sans bousculer tout l’ensemble. Je pense qu’il est important que nous puissions offrir à nos visiteurs une forme de continuité, avec des galeries fidèles à l’événement depuis de très longues années et que nos visiteurs aiment à retrouver, tout en offrant une touche de nouveauté. Car grâce à cela, notre événement conserve sa force et témoigne de son ouverture. Cette édition est également marquée par une manifestation particulière…
2019 marque le centenaire de la Chambre Royale des Antiquaires et Négociants en Oeuvre d’Art de Belgique, rebaptisée aujourd’hui ROCAD.be (pour Royal Chamber of Art Dealers). En raison de leur liens historiques étroits, quel autre lieu que la BRAFA aurait-il été plus adéquat pour célébrer cet événement, autour d’une exposition de prestige dans un espace dédié, celui qui a été consacré à Christo l’année dernière. Elle rassemblera une trentaine d’objets, dont deux œuvres de la main de René Magritte, issus de collections privées qui tous, ont été négociés par les membres de la Chambre. Les œuvres choisies sont non seulement des pièces exceptionnelles du marché de l’art mais racontent aussi chacune une histoire qui sera partagée avec le public. Parallèlement à cette exposition, une magnifique publication sera présentée qui mettra en lumière des objets mythiques vendus ou faisant partie des collections des membres de la Chambre.
Au-delà de l’exposition, la BRAFA est également l’occasion d’assister à des conférences de haut niveau…
Indispensable complément à toute visite à la BRAFA, le cycle BRAFA Art Talks propose des conférences quotidiennes abordant des sujets multiples et variés sur le monde de l’art. Année anniversaire oblige, Pieter Bruegel l’Ancien fait l’objet de deux conférences distinctes, l’une en français, l’autre en néerlandais, faisant notamment état des découvertes réalisées récemment lors de travaux de restauration de certaines de ses
oeuvre. La conférencière et historienne de l’art Christiane Struyven se penchera sur les critères qui font qu’une oeuvre d’art est considérée comme majeure, tandis qu’une table ronde co-organisée avec la CINOA (Confédération Internationale des Négociants en Oeuvre d’Art) fera le point sur diverses thématiques qui alimentent l’actualité du marché de l’art. Sans oublier une passionnante évocation de la grande collectionneuse Peggy Guggenheim, et une plongée fascinante dans l’art déco
soviétique…
PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTIAN CHAPITRE